Je navigue sur un bâtiment de la Marine Nationale pour la première fois de ma carrière !

Le chaland vient de nous charger sur la rive est de la baie de NGO, et nous profitons de ce moment de calme après la tempête pour apprécier le paysage.
A mes côtés, mes camarades sont aussi enthousiastes que moi malgré le brassage incessant des vagues. Tout le monde est là, grimé et fatigué après ces deux jours et une nuit de combat.

Hier, dès notre arrivée, la section reçu pour mission de « reconnaître » une piste menant à un carrefour où nous avons accueilli un convoi de civils venant chercher notre protection. La section de Jean quant à elle, nous attendait en embuscade sur le bord de la piste. Ils ont bien réussi à nous surprendre.

Rapidement, les ordres fusent, et mon groupe se voit confier la mission que je préfère. Nous débordons l’appui, franchissons un ruisseau pour nous retrouver tout proche de « l’ennemi ». Tout à coup, le bruit des balles à blanc retentit et mon chef donne l’ordre, « ça déroule ! »

C’est maintenant au tour de l’autre section de réagir à nos embuscades. Je suis en place dans un bosquet, le sergent est à côté de moi. Je vois la baie depuis ma position, le soleil se reflète dans l’eau, c’est magnifique. Je ne tarde pas à voir arriver le premier binôme. Il est là, à l’affût comme nous l’étions deux heures auparavant. Tout va très vite ensuite…

La reconnaissance terminée, la section s’installe sur la crête qui domine la baie, il est 17.15, nous nous installons en « surveillance » et prenons nos repères avant la tombée de la nuit. Il fait chaud.

La nuit est mouvementée, la section de commandement joue le plastron et ne nous pardonne aucun moment d’inattention. Vers 3.00, un homme se présente au poste de filtrage mis en place sur la piste. C’est l’adjudant d’unité, tout le monde le reconnaît, mais ce soir il ne passera pas. Grâce aux IL, mon binôme peut voir s’approcher lentement par la droite de nos positions deux hommes. Ils sont interceptés. Eux non plus ne passeront pas ce soir.

Mon tour de garde vient de prendre fin, allongé sur ma bâche, je contemple le ciel. Les étoiles ne sont pas les mêmes que dans le Bugey.

9.00, mon chef de section vient de donner l’ordre de repli, direction la plage. La section 2 nous appuie. Les chalands sont au rendez-vous. Dans l’ordre nous embarquons, mes pieds et mon treillis sont recouverts de cette poussière rouge…

Je suis quelque part en mer.