Le caporal chef Lehardy pédale |
Escarmouche à N’GO, vue par l’ennemi. Episode
1.
Je me réveille, il est 23h00, à côté de moi, mon binôme
pour ce soir en fait autant. Le temps de se mettre en condition et
on est parti. Sur le chemin qui va nous mener fatalement aux
ennuis, on rencontre le lieutenant qui nous donne nos ordres : «
Premier temps, vous vous promenez sur la piste, vous faites du bruit
et vous faites tout pour passer le dispositif sur les deux
côtés. |
Deuxième temps, vous prenez la P4, vous montez sur
la colline et même topo pour le check point. Nous on s’est fait
avoir sur la colline, l’adjudant–chef est mort ». Ca commence
bien. Rassuré comme il se doit, nous voilà seuls dans la nuit, un
couteau, une lampe frontale et nos tubes de crème anti-moustique
pour tout bagage. On n’est pas les seuls à être debout ce soir…
En route, on trouve deux malheureux bouts de bois, avec un peu
de chance, ça suffira, au pire… Dix minutes plus tard, on tombe sur
la première patrouille, bon d’accord c’est eux qui nous tombent
dessus. Sommation, contrôle des papiers (ça tombe bien, je les ai
pas). « Qu’est ce que vous venez faire ici ? Vous ne pouvez pas
passer.» On leur explique poliment qu’on habite à deux cents mètres
d’ici et que c’est la route la plus courte pour rentrer chez nous. «
Vos papiers… (voix ferme)» Des fois qu’ils aient pas entendus, on
raconte calmement une deuxième fois la raison de notre présence sur
cette piste. Rien, plutôt si : « Dégagez, vous n’avez rien à faire
là.» 5 minutes ont passé, le ton est monté, deux, trois insultes, on
joue au jeu : "Je te pousse, tu me pousses". Ils ne sont pas à
distance, tant pis pour eux, on tire leurs armes de toutes nos
forces pour les déséquilibrer (je vous jure, y’a pas mieux pour
énerver) On essaie de les avoir à l’usure, répéter autant de fois
qu’il faut, jusqu’à temps qu’ils en aient marre et qu’ils fassent
une erreur qu’on puisse exploiter. Pour l’instant j’en vois deux,
avec une lumière dans les yeux, c’est pas évident ! En sortant du
faisceau, j’en distingue un troisième que je n’avais pas entendu, en
plus il est balaise, ça va être coton… ON POURRA PAS PASSER DE CE
COTE. Aux grands maux, les grands remèdes, on ameute tout le
quartier, c’est à celui qui criera le plus fort. Comme toujours
ça fait son petit effet, trente secondes plus tard, leur chef arrive
(là, c’est une autre paire de manches) Nous voilà coller à terre, le
visage dans les cailloux (on l’avait cherché), les mains dans le
dos, les jambes écartés et si ça va pas assez vite, coup de pompe
près de l’entre jambe. A ce moment là, je vous assure vous ne
discutez plus et vous obéissez (tout les hommes qui liront ce texte
me comprendront !). Le voilà assis sur mon dos (Respirez, soufflez).
Fouille corporelle sans ménagement, ils trouvent et prennent le
couteau, nous jettent comme des malpropres. « Viens, on va essayer
par l’autre côté » me dit Gigi. Il me tarde déjà d’y
être…
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